Hoi An, dès la nuit tombée, se transforme en un tableau vivant. Les lanternes s’allument une à une, colorant les rues d’ombres douces et de reflets chauds. C’est dans cette lumière feutrée que j’ai réalisé cette série de photographies de rue de nuit, en pleine immersion dans la vie nocturne vietnamienne. La ville semble ralentir, les sons deviennent plus calmes, et l’œil est naturellement attiré par le scintillement des lanternes suspendues à chaque coin de rue.
La lanterne à Hoi An n’est pas qu’un ornement touristique : c’est un symbole ancien, hérité de la présence chinoise dans la ville au XVe siècle. Elle incarne la lumière intérieure, la chance et la paix. En tant que photographe de voyage, j’aime capter ce que les lieux racontent sans paroles. Et à Hoi An, ce sont les lanternes qui parlent. Elles dessinent les contours des scènes, éclairent les visages des bateliers sur la rivière, et créent des ambiances presque cinématographiques dans les ruelles.
Cette série a été entièrement réalisée en lumière naturelle avec des focales fixes 35mm et 85mm. Ces objectifs lumineux m’ont permis de travailler avec des ouvertures larges, idéales pour capturer l’ambiance tout en isolant les sujets grâce à un bokeh doux et enveloppant. Photographier de nuit à Hoi An demande de la patience : il faut souvent attendre le bon équilibre entre la lumière des lanternes et le mouvement des passants, saisir une expression, un geste, une silhouette qui se découpe doucement dans l’obscurité.
Au fil de la promenade, j’ai photographié des scènes de rue simples mais pleines de vie : un vendeur de lanternes réarrangeant ses couleurs, une femme assise près d’un étal de fruits, un batelier attendant ses passagers sur la rivière Thu Bon, le visage éclairé par la flamme d’une bougie. Ces images sont autant de fragments de cette nuit silencieuse, paisible, où la ville semble respirer autrement. C’est dans ces moments-là que la photographie de rue prend tout son sens : raconter sans intervenir.
Ce travail à Hoi An est aussi une manière pour moi de parler du Vietnam autrement — par la douceur, la lumière, le détail. En tant que photographe de voyage, j’essaie de montrer ce qui se vit plutôt que ce qui s’affiche. Et dans les nuits de Hoi An, les lanternes ne sont pas seulement belles : elles sont le cœur battant d’une ville qui sait encore prendre son temps. J’espère que cette série vous donnera envie, vous aussi, de marcher lentement sous leur lumière.
