Photographier la campagne vietnamienne, c’est entrer dans un autre rythme. Celui du vent qui plie les hautes herbes, de l’eau qui glisse entre les canaux d’irrigation, du pas lent d’un buffle dans la rizière. Lors de mon voyage au Vietnam cette année, j’ai pu me rendre à Mai Chau, Pu Luong et Tra Que et j’ai voulu saisir cette respiration, cette harmonie entre l’homme et la nature. En tant que photographe de paysage et de voyage, ces lieux m’offrent ce que je cherche souvent : une simplicité forte, ancrée, profondément vraie.
Les rizières en terrasses de Pu Luong, avec leurs courbes parfaites épousant les collines, sont des motifs visuels puissants. Vue de loin, la campagne se transforme en abstraction géométrique ; vue de près, elle devient texture, matière, vie. À Mai Chau, les paysages sont plus ouverts, ponctués de maisons sur pilotis et de scènes de vie rurales. Ce qui m’a touché ici, c’est la douceur du quotidien, la beauté dans les gestes simples : un agriculteur qui plante, une femme qui récolte, un buffle qui observe sans bouger.
Du côté de Hoi An, j’ai retrouvé ce lien à la terre dans les jardins de Tra Que. Ces potagers organisés avec soin, plantés à la main, arrosés avec des outils traditionnels, offrent un visage plus intime de la ruralité vietnamienne. J’ai cherché à capter ces instants de travail comme autant de rituels, en m’approchant doucement, en utilisant des focales fixes pour jouer sur les détails, les textures et le flou d’arrière-plan. La photographie de nature ici ne consiste pas à capturer le sauvage, mais à révéler l’équilibre entre culture, paysage et tradition.
Photographier la campagne, c’est aussi une question de lumière et de patience. Les lumières du matin et du soir sont souvent les plus riches, glissant sur les rizières comme un voile doré. En tant que photographe de nature et de paysage, j’ai appris à attendre, à revenir, à marcher encore un peu plus loin pour trouver le bon angle. Ce n’est pas une photographie spectaculaire ; c’est une photographie sensible, ancrée dans l’observation et le respect.
Cette série est une manière pour moi de rendre hommage au Vietnam rural, à ces territoires souvent en marge des circuits classiques, mais qui offrent une profondeur unique au regard. C’est là que l’on ressent pleinement ce qu’est un voyage photographique : un chemin de lenteur, de contemplation, de rencontre. J’espère que ces images parleront autant de la beauté des lieux que de la sérénité que l’on ressent en les traversant.
